L’Ordre des Médecins
Médecin de Rouille. Voilà un titre dont l’évocation a l’étrange particularité de gonfler les cœurs d’espoir tout en les pétrifiant de peur. Au sein du Grand Royaume, l’apparition de ces agents de la purification dans un village, dans un quartier, dans un coin de rue, est souvent annonciateur d’un flamboyant spectacle. C’est le cas depuis que la terrible Rouille s’est abattue sur le pays, et plus précisément depuis que l’ancien Ordre des Médecins a compris qu’il n’avait sur cette contagion presque aucune emprise. De fait, les Médecins de Rouille peinent à guérir les contaminés ; bien qu’ils brillent d’autre part à empêcher le mal de s’étendre plus qu’il ne devrait. Et pour cette raison, ils méritent bien le soutien fidèle d’une partie de la population, qui voit en eux leurs sauveurs. N’est-ce pas ?
L’Ordre des Médecins, fondé à la fin du siècle dernier, demeure la faction la plus ancienne d’Angleterre, symbole d’un savoir-faire ancestral en matière de santé et de médecine. À l’époque de l’émergence de la Rouille, cette institution vénérable fut en première ligne pour combattre le fléau dévastateur. Les éminents praticiens de cet Ordre réputé se mobilisèrent rapidement, mettant leur expertise au service de la population en détresse. Malgré leur dévouement, les Médecins de l’Ordre réalisèrent rapidement que leurs efforts, aussi louables fussent-ils, étaient insuffisants face à la voracité implacable de la maladie.
Le désespoir et la nécessité les poussèrent parfois à des actes extrêmes, tel que l’incinération de foyers de contamination entiers, même au prix de la vie de civils innocents. Cette brutalité, bien qu’ayant peut-être sauvé certaines vies, ternit l’image autrefois respectée de l’Ordre. Désormais, les Médecins étaient perçus comme des sauveurs ambivalents, capables aussi bien d’apporter l’espoir que la terreur dans les cœurs de ceux qu’ils côtoyaient.
En 1838, un nouvel épisode vint entacher la réputation de l’Ordre des Médecins. Suite à des dissensions internes, l’Ordre fut officiellement scindé en deux branches distinctes : les Médecins de la Reine et les Médecins de Cuir. Les premiers, désormais au service de la Couronne, bénéficiaient de ressources matérielles importantes et étaient considérés comme les bras armés de l’autorité. Les seconds, restés indépendants, se retrouvèrent avec des moyens plus limités et furent souvent stigmatisés par la société.
Depuis cette division controversée, les Médecins de la Reine sont souvent perçus comme des complices cyniques et tyranniques du pouvoir en place. Pourtant, malgré les conflits internes et les divergences d’opinions, leur engagement inébranlable à éradiquer la Rouille reste une constante. Le Maître de l’Ordre, Samrock Lockust, incarne cet engagement total, consacrant chaque instant de sa vie au combat contre ce fléau implacable.
Ainsi, l’Ordre des Médecins, bien que divisé et parfois controversé, demeure un pilier central dans la lutte contre la Rouille. Son histoire tumultueuse et ses membres dévoués reflètent la complexité des enjeux auxquels l’Angleterre est confrontée dans ces temps sombres. La santé et la survie du peuple reposent en partie sur les épaules de ces guerriers de la médecine, déterminés à vaincre la maladie coûte que coûte.