ÉCOSSE : Les Deux Royaumes
Lorsque Victoria est montée sur le trône d’Angleterre, en 1838, il ne lui a fallu guère que deux ans pour conclure une alliance politique avec l’Écosse, au terme d’habiles et éprouvantes négociations. Ainsi, l’Écosse était le premier pays voisin de l’Angleterre à intégrer ce qui allait bientôt devenir le Grand Royaume. Cependant, si la Reine a facilement obtenu l’autorité sur le territoire, elle peine toujours à étendre son contrôle sur tous les esprits. Présentement, les régions du sud proches de la Frontière, les Lowlands, sont les seules à s’être entièrement abandonnées à sa domination. Mais dans les terres plus reculées des Highlands, au nord, les clans traditionnels n’ont pas encore tout à fait renoncé à leur liberté. En effet, caractéristiques géographiques de l’Écosse rendent l’asservissement complet de ce pays particulièrement délicat ; c’est d’ailleurs pourquoi la Reine a engagé si tôt le processus d’alliance, ou plutôt d’annexion. De fait, le territoire de l’Écosse est éclaté en de nombreux archipels, que composent environ huit-cent îles disposées tout autour de la terre continentale. Aujourd’hui encore, il est complexe pour la Couronne d’organiser efficacement l’administration de toutes, surtout lorsqu’elles sont aussi éloignées que les Îles Shetland. Néanmoins, l’Écosse continentale n’est guère plus facile à conquérir, car trois chaînes de montagne entravent la marche des patrouilles victoriennes, en particulier au nord du pays.
À ce jour, Victoria n’a de véritable emprise que sur la région frontalière que constituent les Lowlands, tandis que son influence sur les Highlands est encore limitée. Une partie de la population écossaise œuvre de toutes ses forces à sauvegarder un minimum de leur autonomie, quoique de façon suffisamment subtile pour ne pas que l’on puisse les accuser de trahison. La résignation gagne le cœur de beaucoup devant l’influence Victorienne, qui se répand sur le pays comme une gangrène, assez lentement pour que l’Écosse ait conscience de son agonie.
Les Lowlands
Bien qu’il n’y ait pas de frontière officielle pour les séparer, l’Écosse est scindée en deux régions, distinctes tant sur le plan politique que géographique. Celle qui est sous le joug de la Couronne correspond à ce que l’on nomme les Lowlands (ou « basses terres »), région frontalière où est concentré près de 80% de la population écossaise, et où se trouvent les quatre principales cités du pays : Édimbourg, Glasgow, Aberdeen et Dundee.
Les Highlands
La puissance et la prospérité des Lowlands feraient presque douter que les Highlands (ou « hautes terres »), peu fertiles et froides, appartiennent au même pays. Les Highlands se situent au Nord de ce que l’on nomme la « ligne de faille » (la séparation terrestre délimitant les deux régions) et occupent un espace parcouru de montagnes. C’est notamment là que s’élèvent les Monts Grampians, qui constituent la zone la plus haute des îles britanniques. La population de cette région, contrairement à celle des basses terres qui s’est alignée sur les coutumes de la cour londonienne, revendique un mode de vie plus traditionnel fondé sur les familles claniques.